L'image de soi joue un rôle fondamental dans le développement de l'enfant, influençant sa perception de lui-même, sa confiance, et ses relations avec les autres. Cet article explore la construction de cette image à travers des concepts psychologiques et psychanalytiques, mettant en lumière le lien entre l'image de soi et l'identification, ainsi que les répercussions sur les valeurs personnelles, la confiance en soi et la manière dont l'enfant affronte les défis et les critiques. Enfin, nous verrons comment accompagner un enfant dans ce processus, en l'aidant à accepter ses singularités et à développer une estime de soi saine.
Avant de commencer, il faudrait rappeler que l’image de soi ou bien l’identité personnelle n’est pas une composante figée chez l’être humain. Elle évolue tout au long de notre vie en fonction de nos expériences, connaissances, perceptions et perspectives du monde. Cependant, certains traits de caractères peuvent être cristallisés, c’est-à-dire devenir rigides chez certaines personnes. Cela peut être provoqué par une expérience traumatisante ou un choc émotionnel, et crée de la souffrance psycho-émotionnel chez la personne sans que cela lui soit forcément conscient.
Je vais vous présenter en premier lieu, de façon succincte, quelques théories psychologiques et psychanalytiques pour que vous compreniez le processus identificatoire de base chez l’être humain.
1. Comment l'image de soi se construit
1.1 Les premières interactions et le rôle des figures parentales
L'image de soi commence à se construire dès les premières interactions avec les figures parentales et l'entourage proche. D'un point de vue psychanalytique, selon les théories de Donald Winnicott, le nourrisson se forme d'abord à travers ce qu'il appelle "l'objet-miroir", c'est-à-dire le visage de la mère (ou du principal soignant), qui reflète les émotions et besoins de l'enfant. Ce reflet est essentiel pour que l'enfant développe un sens de soi cohérent. Lorsque la figure parentale répond de manière adéquate aux besoins émotionnels de l'enfant, cela lui permet de se sentir en sécurité et reconnu dans son existence.
John Bowlby, fondateur de la théorie de l'attachement, insiste également sur l'importance du lien affectif avec le soignant principal. Un attachement sécurisant favorise chez l'enfant un sentiment de confiance en lui-même et dans le monde. Si, à l'inverse, les réponses sont inadéquates ou imprévisibles, l'enfant peut développer une vision de soi teintée d'angoisse ou de rejet, ce qui affecte la construction de son image de soi à long terme.
1.2 Le stade du miroir et l'unité du corps
Un autre concept majeur dans la construction de l'image de soi chez l'enfant est le "stade du miroir" introduit par Jacques Lacan. Ce stade se situe autour de 6 à 18 mois et correspond au moment où l'enfant, en se voyant dans un miroir, prend conscience de son unité corporelle. Lacan postule que cette reconnaissance visuelle crée une forme d’aliénation car l’enfant identifie un "moi" distinct de ses expériences immédiates. Cette image idéalisée dans le miroir devient une représentation de ce que l’enfant aspire à être, mais elle est aussi source de frustration car il se rend compte de la distance entre cette image et la réalité de ses sensations. Cette phase est cruciale pour l’émergence du "moi" et l'introduction de la notion de différenciation entre soi et les autres.
1.3 Les influences sociales et culturelles
L'image de soi est également façonnée par les influences sociales et culturelles. Dès le plus jeune âge, l'enfant est exposé aux normes, aux attentes et aux valeurs de la société à travers sa famille, ses enseignants, et plus tard ses pairs. L'école devient ainsi un lieu où l'enfant confronte l'image qu'il a de lui-même aux jugements et évaluations des autres. La reconnaissance ou la désapprobation de son environnement renforce ou fragilise l'estime de soi, et peut orienter son comportement en fonction des attentes perçues.
Je reparlerai plus tard cet aspect social avec plus de détails, afin que vous puissiez comprendre pourquoi l’environnement scolaire est un lieu important qui prépare la socialisation de l’enfant, comment l’enfant évolue au sein de cet environnement, et comment les parents peuvent aider l’enfant à mieux s’adapter et s’accepter. Mais tout d’abord, je vous présente une notion psychanalytique centrale dans la construction de l’image de soi – le processus d’identification.
2. Le lien avec l'identification : Processus psychique inconscient
2.1 L'identification primaire
L'identification est un processus psychique inconscient par lequel l'individu assimile les caractéristiques, les attitudes et les valeurs d'une autre personne, généralement une figure parentale ou une figure d'autorité. Dès la petite enfance, l'enfant s'identifie à ses parents, absorbant leurs comportements, leurs manières de penser et leurs valeurs. Sigmund Freud évoque ce processus d’identification dans le cadre du complexe d'Œdipe, où l'enfant s'identifie à l'un des parents pour intégrer les interdits et les normes sociales.
Freud distingue plusieurs types d’identification, notamment l’identification primaire, qui survient lorsque l’enfant, encore incapable de différencier son moi de celui de sa mère, s’identifie pleinement à elle. Ce processus précoce pose les bases de la formation du surmoi et des valeurs morales. Ce mécanisme est central dans la formation de l'image de soi, car l'enfant intègre non seulement les qualités valorisées par ses parents, mais aussi les injonctions et interdits qui structurent son rapport au monde.
2.2 L'identification secondaire et les figures sociales
Avec la maturation psychique, l'enfant développe ce que Freud appelle l'identification secondaire, où il choisit consciemment ou inconsciemment d’adopter des aspects de personnes qu’il admire ou qu’il craint. L'identification à des héros, enseignants ou pairs joue un rôle crucial dans le développement de l'image de soi. Cette identification à d'autres figures sociales ou culturelles permet à l'enfant d'élargir son répertoire d'attitudes et de comportements, tout en renforçant ou modifiant les premières images de soi construites au sein de la famille.
Le processus d’identification est un mécanisme psychique primordial qui participe à la construction de l’image de soi. Nous allons voir comment il agit, en générale de façon inconsciente, à travers les interprétations de l’enfant lors de son interaction avec les autres personnes.
Maintenant je vais reprendre la partie précédente sur « les influences sociales et culturelles » pour faire le lien avec le processus d’identification.
3. L’identification et les interactions sociales
L’influence des attentes parentales, des normes sociales, et des valeurs culturelles joue un rôle essentiel dans la construction de l’image de soi chez l’enfant. La manière dont il se perçoit est façonnée par l’environnement familial et scolaire, ainsi que par les interactions sociales. Développons ces points pour mieux comprendre comment l’image de soi est modulée par ces divers facteurs.
3.1. Les attentes des parents et leur impact sur l’image de soi
Les parents, souvent les premiers modèles, ont un poids considérable dans la construction de l’image de soi de l’enfant. Leurs attentes, leurs croyances et leurs valeurs peuvent façonner la manière dont l’enfant se voit et évalue ses capacités.
- Attentes explicites et implicites :
Les attentes parentales peuvent être formulées de manière explicite, par exemple à travers des encouragements à exceller dans certains domaines (comme les études ou les sports), ou de manière implicite, à travers des comportements non verbaux ou des attitudes qui montrent ce que les parents valorisent. Par exemple, un parent qui valorise les réussites académiques peut, consciemment ou non, pousser l’enfant à se définir principalement par ses résultats scolaires. Si l’enfant perçoit qu’il ne correspond pas à ces attentes, il peut développer un sentiment d’inadéquation ou d'échec, influençant négativement son estime de soi.
- Le perfectionnisme parental :
Certains parents peuvent exiger un niveau de perfection dans divers aspects de la vie de l'enfant. Cela peut conduire l’enfant à se sentir constamment évalué et à adopter un regard critique sur lui-même. Il peut en résulter une tendance à développer une image de soi fragmentée, où seules les réussites sont valorisées, ce qui augmente la vulnérabilité face à l’échec.
- L’amour conditionnel :
Si l’enfant reçoit de l’affection ou de la reconnaissance uniquement lorsqu’il réussit, il peut en venir à croire que son image de soi dépend de ses performances. Ce phénomène est bien documenté dans les théories de Carl Rogers, qui explique que lorsque l’amour est conditionnel, l’enfant peut avoir du mal à s'accepter dans sa globalité, développant ainsi une image de soi dépendante des jugements extérieurs.
3.2. La confrontation de l’image de soi aux propos des autres à l’école
L’école est un lieu où l’enfant confronte ses premières impressions de lui-même aux jugements des enseignants, des camarades et des autres figures d’autorité.
- Les évaluations scolaires :
Dès son entrée à l’école, l’enfant est exposé aux systèmes d’évaluation, qui lui fournissent un retour direct sur ses compétences. Les notes et les commentaires des enseignants sont souvent perçus comme des évaluations de sa valeur en tant qu'individu. Cela influence fortement l’image de soi, surtout lorsque l’enfant commence à s’identifier à ses résultats scolaires, associant la réussite à une image de soi positive, et l’échec à une image négative.
- Les interactions avec les pairs :
Les relations entre camarades jouent également un rôle crucial dans l’évolution de l’image de soi. Les remarques, les jugements ou même les compliments peuvent renforcer ou éroder la perception de l'enfant sur ses qualités personnelles. Par exemple, un enfant qui se fait constamment moquer pour une caractéristique physique ou une compétence particulière peut développer une image de soi dépréciée dans ce domaine. Les remarques verbales ou les comportements de rejet des pairs ont un fort impact, notamment à l’âge où l’enfant cherche à être accepté par son groupe.
3.3. La comparaison avec les autres enfants
La comparaison sociale est un mécanisme naturel chez l’enfant pour évaluer sa propre valeur et ses compétences. Dès l’âge scolaire, les enfants commencent à se comparer activement avec leurs camarades.
- Pourquoi l’enfant se compare-t-il aux autres ?
La comparaison avec les autres est un moyen pour l'enfant de se situer dans son environnement. Selon la théorie de la comparaison sociale de Leon Festinger, les individus ont tendance à évaluer leurs propres compétences et opinions en se comparant aux autres. Pour les enfants, cette comparaison est un moyen de déterminer s’ils sont "bons" ou "mauvais" dans un domaine donné. Si un enfant observe qu’il court plus vite que ses camarades, il pourra en conclure qu’il est compétent dans ce domaine, renforçant ainsi une image de soi positive en tant qu’athlète.
- Les types de comparaison : Il existe deux types de comparaison sociale :
Comparaison ascendante : Lorsqu'un enfant se compare à un camarade qu’il perçoit comme plus performant ou plus compétent. Cela peut être une source de motivation, mais aussi engendrer un sentiment d'infériorité si la distance perçue est trop grande.
Comparaison descendante : Lorsqu'un enfant se compare à un autre qu’il perçoit comme moins performant. Cela peut temporairement renforcer l’estime de soi, mais présente un risque de survalorisation ou de fausse estime de soi basée sur le jugement des autres.
- Le besoin d'appartenance et de reconnaissance :
La comparaison est aussi influencée par le besoin d'appartenance à un groupe. L’enfant souhaite souvent être perçu comme "normal" ou "comme les autres". Les différences perçues, que ce soit en termes de compétences, d’apparence ou de comportement, peuvent amener l’enfant à se questionner sur sa valeur personnelle et sa place dans le groupe.
Un exemple :
Vous pouvez participer en même temps à mon récit : notez ce que vous ressentez (le premier ressenti, sans réflexion) quand je vous décris la scène.
C'est la première journée de la rentrée scolaire, les enfants vont la connaissance les uns avec les autres. Dans la classe il y a un enfant chinois, le reste sont tous des français. Pendant la récréation, un enfant français s'approche à l'enfant chinois et lui demande : « pourquoi tes yeux sont comme ça ? » en étirant ses yeux vers le haut avec ses indexes.
Comment l’enfant chinois va interpréter le propos et le geste de l’enfant français ? Comment se sent-il ? La réponse n’est pas unique.
- Il peut se sentir embarrassé et triste, puisqu’il se rend compte qu’il est différent des autres, et cette différence lui fait sentir rejeté, non accepté.
- Il peut se sentir être moqué, ou même humilié, parce qu’il pense que ses yeux asiatique sont moches.
- Il peut se sentir unique et fier, parce qu’il aperçoit le remarque de l’autre comme une admiration.
- Il peut se sentir énervé, car il croit que l’autre enfant l’embête avec son apparence, et il peut réagir de façon défensive.
- Il peut se sentir perplexe, parce qu’il ne s’est jamais marqué de différence entre lui et les autres.
Il y autant de possibilités d’interprétation que d’enfants sur cette planète. En effet, les perceptions, les interprétations et les ressentis de chacun sont fondamentalement subjectifs et singuliers.
Quant à l’enfant français ? Il a simplement remarqué une différence d’apparence entre lui et l’enfant chinois, et il pose la question par simple curiosité. Si nous ne l’interroge pas, nous ne pouvons jamais savoir ce qu’il pense réellement quand il émet ces propos.
Pourquoi y a-t-il différentes interprétations ? Qu’est-ce qui détermine sa façon d’apercevoir son environnement et les interactions des autres ? Et bien c’est ce qu’on va aborder sur le quatrième point : Les déterminants des interprétations des propos des autres chez l’enfant.
4. Les déterminants des interprétations des propos des autres chez l’enfant
Les propos des autres, qu’il s’agisse d’enseignants, de parents ou de camarades, sont souvent interprétés par l’enfant en fonction de son développement psychologique, cognitif et affectif, ainsi que de son environnement.
4.1. Le contexte émotionnel et relationnel :
L’enfant interprète souvent les propos des autres en fonction de la relation qu’il entretient avec eux. Si une figure d'autorité, comme un enseignant, est perçue comme bienveillante et valorisante, l’enfant aura tendance à accepter plus facilement les critiques ou commentaires comme constructifs. En revanche, si la relation est marquée par des tensions ou une dynamique de rejet, les mêmes propos peuvent être perçus comme une attaque personnelle.
4.2. Le tempérament de l’enfant :
Les enfants avec un tempérament plus sensible ou anxieux peuvent être plus enclins à interpréter les propos des autres de manière négative, surtout lorsqu’ils touchent à leur image de soi. D'autres enfants, plus résilients ou confiants, peuvent percevoir les mêmes remarques comme des opportunités d'amélioration.
Comment se forme le tempérament de l’enfant ? Il se forge pendant le processus d’identification (notamment l’identification primaire), avec quelques éléments prédisposés (peut-être héréditaires), mais aussi le stade du miroir. Etant donné que ce premier processus se déroule de façon inconsciente, il est difficile de prédire le tempérament de l’enfant.
4.3. Les schémas cognitifs :
À travers ses expériences précoces, l’enfant développe des schémas cognitifs qui influencent la manière dont il interprète les retours extérieurs. Un enfant ayant reçu des retours négatifs répétitifs ou ayant vécu des expériences de rejet pourrait interpréter des remarques neutres ou constructives comme des critiques. Inversement, un enfant ayant vécu dans un environnement positif et sécurisant sera plus à même de recevoir des commentaires de manière constructive et équilibrée.
4.4. La transmission inconsciente de l’entourage
Dans le cadre de la psychanalyse, la transmission inconsciente des schémas de pensée et des croyances des parents à l’enfant est un phénomène bien documenté. Les parents, souvent inconscients de leurs propres schémas cognitifs et émotionnels, transmettent à leurs enfants des attitudes, des croyances et des peurs profondément enracinées, souvent sans s’en apercevoir. Selon les théories psychanalytiques, en particulier celles de Sigmund Freud et de ses successeurs comme Françoise Dolto, cette transmission s’effectue à travers les non-dits, les comportements répétitifs et les réactions émotionnelles des parents.
Par exemple, un parent qui porte en lui une peur inconsciente de l'échec, sans en parler explicitement, peut transmettre cette angoisse à son enfant par des comportements de surprotection, d'inquiétude ou d'exigence excessive. L'enfant, même sans verbalisation directe, absorbe ces signaux et intègre peu à peu ces croyances dans sa propre construction de l'image de soi.
Cette transmission inconsciente illustre le concept de l’héritage psychique transgénérationnel, où les conflits non résolus ou les traumas des générations précédentes peuvent influencer le développement psychologique des enfants, façonnant ainsi leurs perceptions et leur rapport à eux-mêmes et au monde.
L'image de soi chez l'enfant est le fruit des deux processus – celui d’identification et celui d'interactions complexes entre ses expériences familiales, scolaires et sociales. Les attentes des parents, les normes scolaires et les jugements des pairs façonnent profondément la manière dont l'enfant se perçoit et interprète les retours qu'il reçoit. Comprendre ces dynamiques permet de mieux accompagner les enfants dans la construction d'une image de soi plus équilibrée, basée sur l'acceptation de leurs différences et le développement d'une confiance en soi solide.
5. Aider l'enfant à développer sa confiance en soi en reconnaissant ses valeurs et singularités
5.1 L'acceptation « inconditionnelle »[1] et la validation émotionnelle
Pour aider l'enfant à construire une image de soi saine et à développer sa confiance en lui, il est crucial que les figures parentales lui offrent une acceptation « inconditionnelle » – mais cela ne signifie pas sans aucune limite ! Ne confondez pas l’amour avec le principe. L'enfant a besoin de se sentir accepté tel qu'il est, avec ses forces et ses faiblesses, pour pouvoir explorer son identité et développer un sentiment d'autonomie. La validation émotionnelle, qui consiste à reconnaître et à accueillir les émotions de l'enfant sans jugement, est également une clé pour renforcer sa confiance en ses ressentis et en ses décisions.
[1] Il faut prendre beaucoup de pincette avec le terme « inconditionnel », car il est source de nombreux malentendus et de mauvaises pratiques dans l’éducation des enfants. L’« inconditionnel » ne signifie en aucun cas sans limite, mais désigne le fait d’accepter l’autre comme il est, dans son intégrité. Pour développer un psychisme sain, équilibré et mature, il est impératif et primordiale pour l'enfant d'intégrer les notions de « limite », « interdit » et « injonction ».
5.2 Encourager l'exploration des intérêts personnels et des passions
Il est également important de permettre à l'enfant d'explorer librement ses centres d'intérêt et ses passions, sans chercher à conformer ses goûts à des normes externes. L'encouragement à développer des activités dans lesquelles l'enfant excelle ou trouve du plaisir contribue à renforcer son estime de soi. Lorsque l'enfant se sent compétent dans un domaine, il est plus susceptible de généraliser cette confiance à d'autres aspects de sa vie.
5.3 Enseigner la résilience face à l'échec
Enfin, il est essentiel d'aider l'enfant à développer une attitude résiliente face aux échecs et aux critiques. Les parents et éducateurs peuvent jouer un rôle en modélisant une attitude positive face aux erreurs, en soulignant que l'échec fait partie du processus d'apprentissage. L'accent doit être mis sur l'effort et le progrès plutôt que sur la performance ou le résultat final. Cela permet à l'enfant d'apprendre à accepter ses imperfections tout en développant la motivation nécessaire pour surmonter les obstacles.
5.4 Des pratiques concrètes pour vous aider à mieux interagir avec vos enfants
- La parentalité équilibrée
Alfie Kohn, auteur américain, propose 13 principes directeurs pour pratiquer la « parentalité inconditionnelle » (encore une fois, faites très attention à ce terme « inconditionnel » ; je préfère parle de la parentalité équilibrée – entre bienveillance et rigueur). En m’inspirant de ces principes, j’ai mis en place quelques pratiques qui aident à améliorer les interactions entre parents et enfants. Mais, c’est toujours à vous de décider si ces pratiques sont valables et praticables pour vous, et aussi de décider de quelles façons vous voulez les mettre en place.
- Parlez moins, mais questionnez plus avec des questions ouvertes
- Laissez les enfants s’exprimer avec ses propres mots et soyez patients
- N’oubliez pas leur âge et reconsidérez votre exigence
- Respectez l’enfant en toutes circonstances
- Donnez la priorité à la relation
- Changez votre façon de voir, pas seulement votre façon d’agir
- Ne restez pas inutilement campé sur vos refus
- Ne soyez pas rigide
- Ne jugez pas trop vite, questionnez avant de parler
- Prêtez aux actes de l’enfant les meilleures intentions possibles qui soient cohérentes avec les faits
- Cultiver un état d’esprit de progression
Nos capacités se développent et évoluent au cours de notre vie. Personne ne réussit d’un premier coup, ni sans faire des erreurs. Il est fort bénéfique pour l’enfant de développer un état d’esprit de progression, c’est-à-dire, s’encourager avec compassion et sagesse, sans récompenser l’intelligence. Voici quelques pistes de « guidance » que vous pouvez utiliser pour aider votre enfant à progresser sans pression ni dévalorisation.
Qu’est-ce que je peux me dire avec bienveillance, sagesse et encouragement ?[2] | |
Discours pessimistes | Discours optimiste et encourageants |
Je suis mauvais(e) en… | De quoi j’ai besoin pour progresser ? |
C’est trop dur. | Ça demande du temps et des efforts, et je vais finir par y arriver. |
Je n’y arrive pas. | Je n’y arrive pas encore. |
Je ne peux pas faire mieux. | J’ai toujours la possibilité de m’améliorer, alors je vais saisir cette opportunité. |
J’ai fait des fautes. | J’ai le droit et même le devoir de me tromper, car les erreurs me permettent d’apprendre et de progresser. |
Les autres sont plus intelligents que moi. | Comment font les autres pour réussir ? Comment faire pour apprendre d’eux et m’approprier leurs stratégies ? |
J’abandonne. | Personne ne réussit du premier coup, et rien ne m’interdit de faire une petite pause pour reprendre de l’énergie et de l’inspiration avant de continuer. |
Je n’y arriverai jamais tout(e) seul(e). | Où trouver des ressources pour m’aider ? Qui pourrait m’éclairer ? |
Je suis bête. | L’intelligence a plusieurs formes, je vais découvrir comment je suis intelligent(e). |
[2] Le contenu du tableau (sauf modification de ma part) s’appuie sur l’ouvrage « Non, votre ado n’est pas feignent ! Comprendre et accompagner les difficultés scolaires de votre enfant » de Nathalie Anton, 2017, Eyrolles.
Conclusion
La construction de l'image de soi chez l'enfant est un processus complexe et multidimensionnel, influencé par les premières interactions avec les figures parentales, les processus inconscients d'identification et les normes sociales. L'image de soi joue un rôle central dans la manière dont l'enfant développe ses valeurs, sa confiance en lui et sa capacité à faire face aux critiques et aux défis. En tant que parents, éducateurs ou thérapeutes, il est essentiel de fournir un environnement où l'enfant se sent accepté, valorisé et encouragé à explorer ses singularités, afin qu'il puisse construire une image de soi solide et équilibrée, et s'épanouir dans ses capacités et ses aspirations.
Bibliographie
Anton, N. (2017), Non, votre ado n’est pas feignent ! Comprendre et accompagner les difficultés scolaires de votre enfant. Eyrolles
Bowlby, J. (1991), Une base sécurisante : Applications cliniques de la théorie de l'attachement. Traduction française. Paris : PUF (Presses Universitaires de France)
Dolto, F. (1984), L'image inconsciente du corps. Paris : Éditions du Seuil
Festinger, L. (1973), Théorie de la dissonance cognitive. Traduction française. Paris : PUF
Freud, S. (1921), Introduction à la psychanalyse. Traduction française. Paris : Payot
Klein, M. (1969), Le complexe d'Œdipe et autres essais. Traduction française. Paris : Éditions Payot
Kohn, A. (2006). Aimer nos enfants inconditionnellement : Être parents au-delà de la peur et des récompenses. Traduction française. Paris : Éditions L’Instant Présent
Lacan, J. (1949) 1966, « Le stade du miroir comme formateur de la fonction du Je telle qu'elle nous est révélée dans l'expérience psychanalytique », dans Écrits. Paris : Éditions du Seuil
Rogers, C. (1970), Le développement de la personne. Traduction française. Paris : Dunod
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